Les nouvelles autorités libyennes ont proclamé dimanche la "libération" du pays, ouvrant la voie à la formation d'un gouvernement de transition après 42 ans d'un règne sans partage de Mouammar Kadhafi, tué jeudi à Syrte. "Déclaration de libération. Levez haut vos têtes. Vous êtes des Libyens libres", a déclaré le vice-président du Conseil national de transition (CNT), Abdel Hafez Ghoga lors d'une cérémonie devant une foule en liesse sur la place centrale de Benghazi.
Source : Medi1
Cette proclamation tant attendue est cependant assombrie par la polémique autour des circonstances de la mort de l'ancien dirigeant, tué après avoir été capturé vivant. Pour le Royaume-Uni, cet incident a "un peu terni" la réputation du Conseil national de transition (CNT). Selon le numéro deux du CNT, Mahmoud Jibril, une autopsie réalisée dimanche matin a conclu que l'ancien dirigeant avait été tué d'une balle dans la tête lors d'un échange de tir sur le chemin de l'hôpital. Et un responsable du CNT a annoncé que le corps serait à terme remis à ses proches, qui décideraient "en concertation avec le CNT" du lieu de sépulture.
Dans une marée de drapeaux vert, noir et rouge, des dizaines de milliers de civils et de combattants se sont rassemblés sur la place centrale de Benghazi, deuxième ville du pays à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli et ancienne "capitale" de la rébellion, qui y a vu le jour à la mi-février. La cérémonie s'est ouverte avec le nouvel hymne national, puis des responsables des nouvelles autorités se sont succédé à la tribune pour dire leur joie et leur fierté de voir le pays libéré, ponctuant leurs discours de vibrants "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand). Tous ont rendu un hommage particulier aux combattants morts, dont des proches agitaient des photos, ainsi qu'aux blessés et aux disparus de ce conflit qui a fait, selon le CNT, plus de 30.000 morts en huit mois.
Paris a salué "le courage, l'unité, la dignité" du peuple libyen, Londres a évoqué une "victoire historique pour le peuple libyen", et Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Otan, dont les opérations en Libye doivent prendre fin le 31 octobre, a estimé que le courage et la détermination des Libyens avaient "inspiré le monde".
Défis pour le CNT
Le CNT attendait la prise de Syrte, dernier bastion pro-Kadhafi tombé jeudi, pour proclamer la libération du pays. Selon la feuille de route des nouvelles autorités publiée en septembre, cette proclamation doit être suivie au plus tard dans un mois par la mise en place d'un gouvernement de transition. Le N.2 du CNT, Mahmoud Jibril, a assuré dimanche que des pourparlers étaient déjà en cours pour former le nouveau gouvernement intérimaire, dont il a déjà annoncé qu'il ne ferait lui-même pas partie: "Ce processus devrait prendre environ une semaine à un mois", a-t-il estimé. Ce processus risque d'être compliqué par de multiples luttes de pouvoir: libéraux contre islamistes, tensions régionalistes, rivalités tribales, ambitions individuelles ou pour le contrôle des revenus du pétrole...
Le nouveau gouvernement devra ensuite organiser dans un délai de huit mois l'élection d'une Assemblée chargée de désigner un comité pour rédiger une nouvelle Constitution et d'organiser des élections générales dans un délai maximum d'un an après sa formation.
Polémique après la mort de Mouammar Kadhafi
Outre ces défis pesant sur l'avenir, le CNT devait aussi affronter dimanche les critiques sur la mort de Mouammar Kadhafi jeudi à Syrte (360 km à l'est de Tripoli). Les autorités assurent qu'il a succombé dans des échanges de tirs, mais des témoignages et les vidéos tournées au moment de son arrestation n'écartent pas l'hypothèse d'une exécution sommaire. Le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond, a estimé dimanche que la "réputation" du CNT avait été "un peu ternie" par la mort de Mouammar Kadhafi. "Ce n'est pas une façon de procéder (...). Nous aurions aimé voir le colonel Kadhafi devant la justice", a-t-il ajouté. La veuve de M. Kadhafi et plusieurs organisations internationales, dont l'ONU, appuyée par les Etats-Unis, ont réclamé une enquête. M. Abdeljalil a assuré samedi qu'une investigation était en cours. Et M. Jibril s'est dit "totalement d'accord" avec l'ouverture d'une enquête internationale. "Personnellement, j'aurais préféré qu'il (Mouammar Kadhafi) soit vivant. Je veux savoir pourquoi il a fait ça au peuple libyen. J'aurais aimé être son procureur lors de son procès", a affirmé M. Jibril samedi sur la BBC. A Misrata, où les corps de M. Kadhafi et de son fils Mouatassim, lui aussi tué jeudi à Syrte, ont été transportés et placés dans une chambre froide, des milliers de Libyens ont défilé depuis vendredi pour s'assurer de la mort de leur "ennemi".
Au moment où les combattants pro-CNT étaient accueillis en héros dans leurs villes d'origine, Syrte avait des airs de cité fantôme parsemée de cadavres. Pas un bâtiment n'a été épargné par les semaines de bombardements et de combats, tous les magasins sont fermés et il n'y pas de trace des dizaines de milliers d'habitants.
Medi1.com avec AFP
23/10/2011 à 17:28
23/10/2011 à 17:28
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